Ce jeudi 21 février 2019 s’est tenue la cinquième édition des Quaestiones Naturales. Des latinistes du deuxième degré, issus de cinq athénées, se sont rencontrés au Musée de la Médecine de Bruxelles afin de partager leurs découvertes à propos du monde médical antique sur un mode ludique, interactif, moderne et quelquefois même humoristique.
Les élèves de Madame Bargibant, de l’AR Uccle 2, ont offert à la centaine d’élèves rassemblés dans l’auditorium du musée une mise en scène dynamique et entraînante intitulée « Par Apollon, Asclépios, Hygie et Panacée » racontant les mythes liés aux divinités grecques de la médecine. Les légendes d’Apollon, Coronis, Asclépios, Phèdre se succédèrent dans un récit endiablé et prononcé en alternance par tous les élèves, harmonieusement vêtus de noir pour l’occasion, dans l’aura d’une projection d’images savamment choisies pour illustrer leur discours.
Après cette entrée en matière vivifiante, les cent élèves, mêlés et répartis en cinq groupes, participèrent aux cinq ateliers préparés par chaque école, selon un parcours préétabli soigneusement orchestré par nos hôtesses, Mesdames Laetitia Posset et Isabelle Simoes, historiennes du musée. La disposition des ateliers dans les différentes salles offrit une fois encore un cadre d’exception à cette matinée.
L’atelier 1 était tenu dans l’auditorium par les élèves de l’Athénée d’Hannut, accompagnés de leur professeur Madame Priarollo. Ils présentaient une pièce de théâtre participative « Joséphine, Ange médecin ». Face aux spectateurs, un médecin réalisait une opération de la cataracte : en fait, il crevait l’œil et prenait du jaune d’œuf comme un remède ! Sans anesthésie, un autre patient avait le crâne scié ! Pendant ces « soins », l’action était commentée sur fond d’écran. Heureusement, la médecine a évolué !
Dans la Grande Salle, l’atelier 2, appelé « Dicite Subridere », avait pour thème les dents sous les aspects médical et esthétique. Les élèves de Madame Dagnelie, représentant l’Athénée de Binche, traitèrent avec brio le sujet depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Des activités variées, un exposé, un jeu sur gsm, un dessin animé, une touche personnelle avec un album de leurs photos enfants et un côté pratique avec la confection d’un dentifrice ont rendu cette animation particulièrement vivante !
Les élèves de l’Athénée de Ganshoren et leur professeur Monsieur Midrez présentaient à l’atelier 3 un magnifique jeu de société de coopération, baptisé « Morbus », qu’ils avaient eux-mêmes réalisé en s’inspirant du jeu « Pandemia » ! Le sujet en était les épidémies et les moyens de les prévenir. Des cartes aux noms de cinq maladies (typhus, malaria, peste, lèpre, variole), de lieux situés autour du bassin méditerranéen et de mesures d’hygiène (construction d’un aqueduc, etc.) étaient distribuées à chaque équipe. Aux joueurs de bien les placer pour éradiquer les maladies ! Un beau challenge à relever !
Dans la salle Nobel, les élèves de l’Athénée Royal de Chênée, supervisés par Madame Dall’Arche, parés de blouses blanches de médecin, invitèrent leurs camarades d’un jour à participer à une partie de « Medicus Mabulus » à taille humaine, adaptation nettement plus sophistiquée et fouillée que le célèbre jeu « Docteur Maboul ». Les joueurs, divisés en équipes, devaient associer la description de symptômes au nom de la maladie ainsi décelée, puis joindre l’étiquette du nom de cette affection à l’organe atteint par elle sur un plateau de jeu géant représentant le corps humain. Les questions abordaient les traitements antiques et les modernes. Des rébus, devinettes et dessins aidaient à lutter contre un chronomètre véloce, de quoi devenir fou !
Une délicieuse saynète baptisée « C’est mon chou », une parodie de l’émission télévisée « C’est mon choix », fut servie par les élèves de Monsieur Kountourgiannos, de l’Athénée Uccle 2, et régala les élèves de jeux de mots savoureux et humoristiques. Sur le ton d’un débat, arbitré par un présentateur, Madame Plantu, adepte de la médecine douce, opposa ses idées à celles, diamétralement opposées, du Docteur… Aspro. Si l’un en appela aux enseignements de Caton l’Ancien et à sa fascination pour les effets bénéfiques du chou, l’autre, citant Martial, dénonça le charlatanisme des médecins de l’antiquité. Mais le serment d’Hippocrate et un mens sana in corpore sano réussirent à les mettre au diapason.
Pour conclure cette matinée, Madame Posset, historienne du musée, révéla aux élèves, à nouveau rassemblés dans l’auditorium, le résultat de ses recherches répondant aux questions posées par courrier en préparation à la matinée. Par exemple, aux élèves inquiets de savoir si les opérations se faisaient sans douleur, elle apprit que les Anciens connaissaient déjà les anesthésiants tel que l’opium. La conférence se clôtura par la pratique : les curieux eurent l’occasion de manipuler du matériel chirurgical antique. Une bonne façon de comprendre que la médecine est avant tout un art et qu’il nécessite des outils et de l’habileté manuelle.
